Inspire est une association loi 1901, fondée en 1996. Elle « œuvre pour une meilleure qualité de l’air au pays du Mont-Blanc et pour la protection de l’environnement, de la santé et du climat. » Elle est membre du Réseau Air 74, qui regroupe 24 associations oeuvrant dans 3 domaines : l’environnement, la santé et le sport. AIR coop soutient Inspire depuis 3 ans, via le 1 % for the planet. Ce soutien a contribué à la création et à la diffusion de ATMOSphère, le web-documentaire pour changer d’air.
Anne Lassman-Trappier est présidente d’Inspire depuis 2009. Face à l’enjeu de santé publique que représente la qualité de l’air, elle est lucide, critique et combative. Mais donne des raisons d’espérer. Rencontre.
AIR : Qui êtes-vous ?
Anne Lassman-Trappier : Je suis native de la vallée de Chamonix. Ayant habité non loin de l’entrée du tunnel du Mont-Blanc, et voyant le ballet incessant des camions, j’ai très vite développé une fibre environnementale forte, et j’ai décidé de m’engager, inspirée par l’action de ma mère, Marie-Jo Trappier.
Quel est le poids de l’association ?
Inspire, c’est 325 adhérents à jour de leur cotisation et 5000 inscrits à la Newsletter, ainsi que 3000 sympathisants sur les réseaux sociaux. Nous faisons partie de la fédération France Nature Environnement.
Notre objectif est que les demandes des citoyens soient remarquées par les autorités afin d’obtenir des résultats. Un important travail de sensibilisation du public et des décideurs est également réalisé. Concrètement, nous mettons en place des actions visibles et conviviales, qui donnent envie aux gens de s’impliquer.
Par exemple ?
Lors de la prochaine Vélorution – la 7e -, qui aura lieu le 25 mai prochain, Inspire souhaite emprunter l’ensemble des aménagements réalisés depuis nos actions de 2013-2014, de Vaudagne à Chamonix afin de montrer sur le terrain ce que notre mobilisation a rendu possible.
Par ailleurs, notre web-documentaire, qui a nécessité deux ans de travail, vise à informer précisément la population (avec des avis d’experts) mais aussi à la sensibiliser et à la pousser à l’action en apportant des solutions concrètes qui s’appliquent au quotidien de tous. Au-delà du constat alarmant concernant l’air et le climat, il est essentiel pour nous de montrer qu’il est possible d’agir et de garder espoir.
Comment se porte l’air que l’on respire ?
On sait qu’il y a eu des pollutions graves par le passé, même s’il est difficile de les quantifier a posteriori. Si l’on se concentre sur le présent, il y a un fossé entre une communication qui annonce une amélioration de la qualité de l’air et le nombre de décès liés à la pollution, qui est en constante augmentation : une étude récente montre que les chiffres doivent être revus à la hausse. Ces études s’affinent sans cesse car elle se font sur des durées et des panels importants. Il faut les prendre en compte.
Comment expliquer cette hausse des décès ?
Les particules ultrafines PM1 et les nano particules, « fabriquées » par les filtres à particules, ne sont pas mesurées. Or, ces particules pénètrent le système sanguin et donc s’implantent au coeur de nos organismes. Il faut donc poser la question des mesures : « mesure-t-on les polluants réellement présents dans l’air aujourd’hui et les plus nocifs ? »
En quoi la vallée de l’Arve et le bassin annécien sont-ils des cas particuliers ?
Nous ne sommes pas plus émetteurs qu’ailleurs. Mais le cadre de vie fabuleux et sa topographie, qui entraîne un manque de dispersion des polluants, font que la pollution est plus concentrée et plus visible : On peut donc faire de la pédagogie facilement devant le voile de pollution qui recouvre les vallées.
Il y a 3 grandes sources de pollution de l’air : le transport, le chauffage et l’industrie. Quelle est la part de l’Etat, la part du citoyen ?
Chacun peut agir, à son niveau. Pour le moment, les choix individuels et les décisions étatiques ne sont pas assez déterminants.
Quelques exemples : pour améliorer le chauffage, il y a des solutions peu coûteuses, qui nécessitent peu de maintenance, comme le solaire thermique, mais qui sont trop peu mises en oeuvre et encouragées.
Pour l’industrie, il faut affiner et étendre les mesures de polluants multiples, au cas par cas, qui amènent à des actions concrètes comme c’est le cas actuellement avec LGL carbone et ses émissions « diffuses », qui s’échappent des toits et des ouvertures.
Pour les transports, nous attendons beaucoup de la mise en service du Léman Express en 2019, même si la desserte des gares en transports en commun, les aménagements cyclables, ou même les parkings automobiles sont loin d’être parfait.
Enfin, nous nous activons pour que le PPA2 soit vraiment ambitieux !
Interview et article par Samuel Dixneuf