Amoureux de la montagne, du ski, de l’alpinisme, connaisseurs de la vallée de Chamonix, habitant ou visiteur, vous êtes, avez été, émerveillés par la splendeur du spectacle qui s’offre à nous sitôt passé Magland : le Mont-blanc enneigé en majesté, se découpant dans un ciel parfaitement bleu. La représentation parfaite d’une réputation largement véhiculée : l’air est pur à la montagne. Pourtant, il suffit de s’élever un peu en altitude, rejoindre les hauteurs de Sallanches, Passy ou Combloux, pour s’apercevoir qu’un autre élément s’est immiscé dans ce paysage au pied du Mont-blanc depuis quelques années : un nuage diffus, particulièrement visible les jours de beau temps recouvre la vallée de l’Arve comme une chape de plomb. En cause ? L’excessive et récurrente pollution de l’air dans la vallée.
Source photo : Environn’montblanc
Vous avez dit pollution de l’air ?
Cette problématique identifiée il y a des années déjà bouscule l’image de l’air pur à la montagne. Concrètement, les normes européennes et françaises de qualité de l’air sont dépassées de façon récurrente au Pays du Mont-Blanc et dans l’ensemble de la vallée de l’Arve. Trois polluants majeurs sont concernés par ces dépassements :
– Les particules (PM10)
– Le dioxyde d’azote (NO2)
– Le benzo(a)pyrène (BaP) de la famille des HAP
En hiver, des phénomènes météorologiques spécifiques à la montagne empêchent la circulation de l’air et piègent les polluants au fond de vallée, provoquant d’importantes concentrations de pollution, très souvent visibles à l’oeil nu. La configuration de la vallée et les inversions de températures favorisent l’accumulation des polluants, particulièrement en période de beau temps hivernal, et l’apparition de pics de pollution. Le tunnel du Mont-Blanc, situé à plus de 1 200m d’altitude, génère environ 1,2 million de passages de véhicules légers et près de 600 000 poids lourds par an, est une source d’émissions supplémentaires qui favorise les dépassements des normes pour le dioxyde d’azote dans la vallée de Chamonix.
Mais si cette pollution est aujourd’hui très visible dans la vallée de l’Arve, celle-ci pourrait toucher progressivement tout le sillon alpin. L’agglomération d’Annecy n’est pas épargnée : les résultats de l’évaluation de l’impact sanitaire de la pollution atmosphérique dans l’agglomération menée par la cellule de l’Institut de Veille Sanitaire (InVS) en Rhône Alpes sont formels : Annecy connaît des niveaux de pollution atmosphérique qui constituent un enjeu sanitaire important sur ce territoire.
Source photo : Observatoire Air Rhône-Alpes
Un véritable enjeu de santé publique
En 2013 dans la vallée de l’Arve, le taux de 50 μg/m3 de PM10 (valeur règlementaire limite à ne pas dépasser) a été dépassé en continu pendant 21 jours. Ainsi, la pollution de l’air dans cette vallée est comparable à celle de Lyon et Grenoble et a un impact direct sur l’espérance de vie. En effet, l’OMS a estimé que près de 60 personnes de la vallée meurent prématurément chaque année à cause de la pollution. Ce constat très préoccupant est relayé par l’ InVS en Rhône-Alpes pour qui« les connaissances actuelles sur les effets sanitaires de la pollution atmosphérique permettent d’affirmer que les niveaux de pollution mesurés dans la vallée de l’Arve ont un impact sur la santé des populations exposées :
– effets à court terme survenant rapidement après l’exposition : irritations oculaires ou des voies respiratoires, crises d’asthme, hospitalisations pour motif cardiovasculaire…)
– effets à long terme : développement de processus pathogènes au long court qui peuvent conduire à une pathologie chronique ou même au décès) ».
Des conséquences directes pour les territoires touristiques de montagne et l’industrie outdoor
Vous l’aurez compris, la pollution atmosphérique dans la vallée de l’Arve est aujourd’hui un enjeu majeur pour ce territoire touristique tant son impact est néfaste pour son image, sa réputation, et mécaniquement, pour la fréquentation touristique. Un reportage de France 2, diffusé le 15 février dernier et l’emballement politico-médiatique qui a suivi ont montré à quel point l’enjeu de l’image touristique du territoire était sensible. En effet dans une vallée pour laquelle le tourisme est un élément clé de l’économie, la problématique de santé publique rentre en conflit avec la problématique économique. Les élus locaux l’ont bien compris et s’emploient depuis des années à agir à leur niveau tout en préservant l’économie touristique du territoire. Un plan d’action a été présenté au lendemain du reportage. Ils attendent désormais une vraie réponse des autorités gouvernementales.
Les territoires ne sont pas les seuls concernés, les entreprises de l’outdoor le sont aussi. Compte tenu des effets de la pollution atmosphérique sur la santé, une baisse de la pratique sportive pourrait bien survenir et les impacter directement. Car nous pouvons imaginer qu’ une baisse de la pratique sportive induit nécessairement une baisse des ventes d’équipements…
Tous partie de la solution « You’re only one person, but together we’re millions »
Il convient de réduire globalement les niveaux de pollution sur la vallée, toute l’année et pour l’ensemble des polluants. Nous pouvons tous agir, entreprises et citoyens, quelle que soit notre échelle, sur deux secteurs en particulier : transports et chauffage (le chauffage individuel au bois est responsable de 58% des émissions de PM10 dans la vallée de l’Arve, selon les chiffres 2013).
Agir comment ?
• Dans la mesure du possible, selon les possibilités de chacun, privilégier les déplacements « doux » : en train, vélo, à pied, en covoiturage ;
• Opter pour un mode de chauffage moins polluant, grâce au Fond Air Bois
• S’informer et soutenir les associations engagées depuis longtemps dans la lutte contre la pollution atmosphérique : Environn’montblanc, ARSMB.
Les entreprises ont également un rôle à jouer. Cela peut passer par exemple par :
• L’exemplarité et la transparence en matière de déplacement et de chauffage
• Soutien aux associations locales
• Soutien des projets pilotes des territoires
Quel rôle pour AIR ?
Chez AIR, on se sent concerné par le problème ; cette vallée, c’est notre terrain de jeu et notre terrain de vie. Alors nous essayons à notre échelle d’apporter notre pierre tout en se disant que c’est ensemble qu’on est le plus fort.
Si pour certains le changement climatique c’est encore pour demain, là c’est bien aujourd’hui, alors DO GOOD !