En cette première quinzaine d’octobre, en bon VTTiste qui se respecte, je descends comme par tradition à la Base Nature de Fréjus pour prendre part au Roc d’Azur. Cette année le plus grand rassemblement de VTT mondial (?) fête ses 35 bougies.
Les chiffres faramineux de plus de 20 000 participants étalés sur 34 épreuves montrent une fois de plus qu’on ne vient pas au Roc pour cueillir des champignons tranquillement dans les bois. Du côté des exposants aussi, le monde est présent avec environ 100 000 visiteurs sur les 3 jours et demi d’ouverture.
Trois jours et demi ? Oui, car pour une fois la météo n’était pas au rendez-vous. C’est même un département du Var en alerte inondations qui a imposé aux organisateurs l’annulation des courses du jeudi et la fermeture complète du site au public jusqu’à midi.
Pour ma part, uniquement présent pour “prendre la température” pour de futurs projets d’innovation responsable dans le milieu du cycle, j’ai pu arpenter le salon de long en large pendant 2 jours.
Concernant l’évènement tout d’abord. Il faut noter qu’ASO, l’organisateur de cette grande fête du VTT essaie d’améliorer depuis quelques années sont impact. Une petite charte environnementale est d’ailleurs éditée pour les pratiquants et des poubelles de tri sont installées de manière très éparse sur le site. Je ne pourrais malheureusement que retenir un sentiment de “minimalisme” au regard de la prise en compte de l’environnement sur le Roc cette année.
Du côté des courses, il semblerait que les bénévoles et organisateurs soient mieux coordonnés pour la récupération des déchets des pratiquants. Des filets et grandes poubelles sont mis en place aux ravitaillements et les bénévoles trient les déchets récupérés sur les parcours. Les fameuses Brigades Vertes organisées en queue de course par les MBF n’existent plus depuis quelques années dans le but de sensibiliser les coureurs: “personne ne ramassera vos déchets, donc faites en sorte de ne pas en laisser”.
Bien qu’au niveau des déchets le constat soit plus positif, cette année c’est le terrain qui a payé le prix fort du passage de 20 000 coureurs dans la région. En effet, nombreux chemins en terre se sont transformés en véritables bourbiers et resteront abîmés un certain temps. Je ne sais pas si des actions ont été mises en place pour les remettre en état. On est donc encore loin de l’annulation d’une épreuve pour cause de terrain non praticable comme il faudrait peut être le faire pour le respect de la nature – ça aurait surement du être le cas pour les épreuves du vendredi aussi afin de donner une chance au terrain de sécher.
Du côté des marques et du salon nous déplorons l’absence d’une charte environnementale à destination des exposants. Si elle existe pour les visiteurs et les pratiquants pourquoi ne pas imposer quelques règles de bonne conduite aux marques afin de limiter déchets, gaspillage et pollution sur le site.
Au grès de mes rencontres avec les marques et de mes trajets dans les allées je me rends compte que le chemin à parcourir est encore long pour intégrer et mettre en place des notions de développement durable et d’innovation responsable dans le milieu du cycle. Seule une poignée de marques et stands revendiquent des pratiques responsables et encore moins m’ont parlé de projets en cours pour faire avancer les choses dans ce sens là. Le Made In France est quant à lui mis en avant et utilisé comme valeur ajoutée.
La bonne nouvelle c’est que tout reste à faire dans le milieu cycliste qui semble se cacher derrière le fait que “faire du vélo c’est écolo” mais qui ne se remet pas en cause pour autant comme peut en témoigner la quantité grandissante de marques proposant des cadres en carbone au catalogue (et ce n’est qu’un exemple).
Mention spéciale à Mountain Bikers Foundation qui est toujours présent avec un stand et des interventions sur quelques débats avec les marques (Mavic notamment pour une discussion sur le Gravel). Ils continuent à défendre les lieux de pratique et les pratiquants. Malheureusement avec la Chasse comme nouveau défi à relever, le développement durable et les marques reste encore au second plan. Avec Kostia (unique salarié de l’association) nous avons pu discuter des synergies à mettre en place avec AIR coop afin de pouvoir mieux challenger les marques sur ces sujets en 2019. Pourquoi ne pas imaginer des tables-rondes avec les principaux acteurs du milieu en 2019 pour discuter des solutions qui nous tendent les bras?
Ce Roc d’Azur 2018 aura en tout cas été une belle source de motivation pour faire bouger les choses dans le milieu du cycle. Reste à savoir quels acteurs seront les pionniers pour relever ce genre de défis avec AIR Coop en 2019 !
Oliver Gough
Crédit Photo: © A.S.O. – Aurélien VIALATTE